𝐉𝐞 𝐬𝐮𝐢𝐬 𝐞𝐧 𝐜𝐨𝐥𝐞̀𝐫𝐞.
Ce matin, en plein coeur de la Boucle, j’ai croisé une jeune personne visiblement désorientée. 22 ans, pantoufle, veste et chemise de nuit comme tenue.
À la recherche des gendarmes, elle m’explique que la police et les pompiers se sont rendus à son domicile en début de matinée et ont tout cassé chez elle.
Je ne cherche pas à remettre en question ses propos.
Mon seul objectif est de la confier à des professionnels.
M’assurer qu’elle soit en sécurité.
J’appelle ainsi le 112.
« Eeuuuuuh… Attendez, je vous passe la police municipale. »
Cette dernière ne semble qu’à moitié surprise que les pompiers refusent d’intervenir.
« Ne bougez pas, je vous envoie une patrouille. »
Sous la pluie et le cœur lourd, la jeune femme me confie sa peine.
Elle vit seule et souffre de dépression.
Les policiers arrivent, le visage marqué par l’envie d’être ailleurs.
« De toute façon, vous ne voulez pas aller à l’hôpital ? ».
Un signe de tête en guise de refus et les fonctionnaires estiment avoir rempli leur tâche et demandent à la personne de regagner son domicile. Seule et par ses propres moyens.
Puis, ils me regardent :
« Vous pouvez la raccompagner à un arrêt de bus ? »
Je réponds : « Je ne savais pas que c’était aux civils de faire votre travail ! »

Je prends cette personne par le bras et lui annonce, en m’exprimant le plus fort possible :
« Vous n’êtes pas assez perturbée pour qu’on s’occupe de vous et vous n’avez pas assez foutu le bazar pour que l’on vous remarque ».
Cette solitude invisible, cette détresse qui ne perturbe pas le fonctionnement de la société, n’intéresse que trop peu les pouvoirs publics. C’est ce combat que mène Le collectif des Héros : aider les gens avant qu’ils ne deviennent un problème ou un danger. Faire en sorte que la société les voie enfin.
Donia Kebaili
Présidente de l’association « Le collectif des Héros »